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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 19:32
Dans ses "Perspectives économiques" de printemps, l'Organisation de coopération et de développement économiques ne prévoit plus que 1,8% de croissance cette année pour la zone OCDE, 1,2% pour les Etats-Unis, 1,7% pour la zone euro et 1,8% pour la France. Elle entrevoit la fin de la crise financière mais s'inquiète de la résurgence de l'inflation.
Pour l'ensemble de la zone OCDE, la projection de croissance pour 2008 est ramenée à 1,8%.
Pour l'ensemble de la zone OCDE, la projection de croissance pour 2008 est ramenée à 1,8%.
C'était attendu mais la correction est sévère. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a révisé en forte baisse ses prévisions de croissance mondiale ce mercredi, sans entrevoir d'amélioration avant le deuxième semestre 2009. Pour l'ensemble de la zone OCDE, la projection de croissance pour 2008 est ramenée à 1,8% au lieu de 2,3% dans ses prévisions de décembre. Pour 2009, la prévision est réduite de moitié à 1,7%.

Sur la base d'une stabilisation des cours du pétrole autour de 120 dollars le baril, l'OCDE anticipe une croissance de 1,2% aux Etats-Unis cette année puis de 1,1% en 2009, au lieu des 2% et 2,2% prévus. Pour la zone euro, ses projections sont de 1,7% cette année puis 1,4% en 2009, au lieu de 1,9% et 2% précédemment attendus.

Pour la France, l'organisation table sur une progression de 1,8% du PIB en termes réels cette année et de 1,5% en 2009. En 2007, la croissance avait été de 2,7% dans l'ensemble de la zone OCDE, 2,2% aux Etats-Unis, 2,1% en France et 2,6% dans la zone euro.

L'OCDE souligne que "la situation économique actuelle est particulièrement instable et la marge de risque autour des prévisions est large". "Ce sont plusieurs trimestres de faible croissance qui s'annoncent pour la plupart des économies de l'OCDE. Dans le même temps, l'inflation pourrait rester forte pendant une certaine période", écrit Jorgen Elmeskov, économiste en chef par intérim, dans un éditorial intitulé "Après la tempête?". "Ce scénario est le résultat conjugué de la tourmente qui s'est emparée des marchés de capitaux, du refroidissement des marchés du logement et de la forte hausse des prix des matières premières", ajoute-t-il.

L'OCDE n'exclut pas une croissance négative au deuxième trimestre aux Etats-Unis et s'attend à ce que la croissance de l'ensemble de la zone OCDE ne dépasse pas 0,5% en rythme annualisé sur ces trois mois, soit son plus bas niveau depuis l'éclatement de la bulle Internet. La reprise serait ensuite graduelle et il faudrait attendre le deuxième semestre 2009 pour retrouver le rythme potentiel de croissance.

Dans les pays émergents en revanche, la croissance devrait se modérer mais demeurer vigoureuse, surtout en Chine où elle a atteint encore 10,5% en rythme annualisé au premier trimestre.

"Il semble de plus en plus probable que les turbulences sur les marchés financiers ont commencé à se calmer. Néanmoins, leurs répercussions freineront la croissance encore longtemps", note l'OCDE en estimant que les "vents contraires financiers" ne s'atténueront qu'au premier semestre 2009.

D'ici là, l'organisation entrevoit des risques liés au marché immobilier ou à une récession américaine plus longue que prévu, mais ajoute qu'une fois les turbulences financières dissipées, la reprise pourrait être plus rapide que prévu. En tout état de cause, souligne l'OCDE, "il conviendra de réexaminer le régime de contrôle prudentiel des marchés" pour tirer les enseignements de la crise des "subprimes".

L'OCDE a parallèlement revu à la hausse ses prévisions d'inflation, tablant sur un niveau "inconfortable" de 3% pour l'ensemble de la zone cette année. Le taux d'inflation moyen atteindrait 3,2% aux Etats-Unis et 3,4% dans la zone euro, avant de décélérer à 2% et 2,4% respectivement en 2009. Le rapport voit dans la résurgence de l'inflation une "évolution" de la mondialisation qui, après avoir été longtemps désinflationniste - en procurant notamment aux pays développés des produits manufacturés à bas prix - prend une autre dimension avec l'augmentation de la demande intérieure des pays émergents, notamment en énergie et en produits alimentaires de base.

De même, relève l'OCDE, le boom du crédit et du logement avait été alimenté par des taux d'intérêt faibles, "conséquence de l'excédent mondial d'épargne auquel les économies émergentes ont largement contribué". Ainsi les économies de l'OCDE se trouvent-elles confrontées à trois chocs - crise financière, refroidissement du marché du logement et envolée des prix de l'énergie et des produits alimentaires - qui sont "indissociables de la montée en puissance des marchés émergents sur la scène mondiale".

L'OCDE s'invite dans le débat sur les prix du pétrole et des produits alimentaires de base en recommandant aux gouvernements de résister à la tentation de mesures compensatrices. "Ce n'est qu'en permettant aux bons signaux de prix d'influer sur l'offre et la demande que l'on parviendra à un meilleur équilibre des marchés", lit-on dans le rapport. "Il vaut mieux répondre aux préoccupations quant au niveau de vie des personnes à faible revenus par un système bien conçu de transferts fiscaux et sociaux".

Dans ce contexte de faible croissance et d'inflation élevée, l'OCDE recommande à la Réserve fédérale américaine et à la Banque centrale européenne de maintenir leurs taux d'intérêt - à respectivement 2% et 4% - jusqu'en 2009. Elle prône en revanche des réductions de taux marquées au Canada et au Royaume-Uni.

Pour ce qui est de la politique budgétaire, l'organisation juge bien à propos les dégrèvements d'impôts temporaires mis en oeuvre aux Etats-Unis "et qui ont de bonnes chances d'apporter le soutien nécessaire à l'activité". Mais elle juge les arguments en faveur d'une stimulation budgétaire peu convaincants ailleurs. "Les tensions inflationnistes dans la zone euro sont en effet telles qu'il faudrait sans doute contrebalancer une éventuelle stimulation par des mesures de politique monétaire et, en tout état de cause, les stabilisateurs automatiques y sont beaucoup plus forts qu'aux Etats-Unis", relève le rapport. "Au Japon, la situation budgétaire n'autorise aucune mesure budgétaire expansionniste et l'économie est de toute façon moins affectée par la tourmente financière".


latribune.fr

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