La Banque Centrale américaine estime que le risque inflationniste est plus important que le risque de plongeon de la croissance économique américaine. La Fed ne donne pas d'indices sur ses intentions quant à un prochain relèvement des taux.
La banque centrale américaine a laissé son taux directeur inchangé à 2 % et estime que les risques d'un fort ralentissement économique ont "un peu diminué" mais que le risque d'accélération de l'inflation "s'est accru". La Fed n'a en revanche pas donné d'indices sur ses intentions quant à un futur tour de vis monétaire, comme l'anticipaient certains économistes. La prochaine réunion du comité de politique monétaire aura lieu le 5 août.
Depuis la crise du subprime, la Fed avait engagé la baisse des taux la plus rapide jamais réalisée depuis 20 ans (325 points de base en quelques mois).
Après les craintes de récession, l'un des sujets de préoccupations de la Réserve Fédérale est devenu l'inflation, qui, sur les douze derniers mois, a progressé pour atteindre 4,2% en mai.
"L'incertitude sur les perspectives inflationnistes reste très élevée," estime la Fed dans son communiqué accompagnant sa décision sur les taux, et ce compte tenu de la hausse des prix de l'énergie et des matières premières et de la hausse des anticipations inflationnistes.
Dans un discours à Boston début juin, Ben Bernanke, le président de la Réserve Fédérale, avait souligné que l'inflation était élevée, en particulier à cause du coût de l'énergie, " mais que les conséquences de prix élevés des matériaux bruts sur les produits finis comme sur le coût du travail avait été limitées, en raison d'une demande intérieure en recul ". En décidant de ne pas augmenter ses taux, le Federal Open Market Committee (FOMC) indique qu'il ne veut pas exagérer le risque inflationniste et qu'il prendra le temps nécessaire pour l'évaluer comme pour mesurer l'impact de la stratégie qu'il a mené jusqu'à présent.
Dans son communiqué du mois d'avril, le FOMC n'avait pas précisé si d'une croissance faible ou d'une reprise rapide de l'inflation, elle voyait un danger plus important. Elle avait seulement indiqué qu'elle agirait au mieux pour faciliter la reprise et maintenir des prix stables. Selon une enquête de Reuters et de l'Université de Michigan, l'inflation moyenne annuelle pourrait atteindre 3,4% au cours des cinq prochaines années.
L'économie américaine a montré une résilience surprenante sur le premier trimestre et le produit intérieur brut a enregistré une croissance de 0,9%. Dans son discours à Boston, Ben Bernanke avait souligné que " les risques d'un ralentissement substantiel avaient diminués ". Mais l'environnement reste difficile. Le chômage est en hausse et la crise de l'immobilier ne donne toujours pas le signe d'avoir atteint son plancher. Un nouvel indicateur a montré que les ventes de maisons neuves (512.000 en rythme annualisé) étaient en chute de 2,5% en mai par rapport au mois précédent et de 40% sur un an.
Les économistes parient néanmoins sur une reprise de la hausse des taux directeurs à court terme, certains avançant le mois d'Août comme une date probable. Une hausse des taux d'intérêt pénaliserait les banques, dont les bilans sont affectés par de lourdes pertes et provisions. Elle serait tout particulièrement mal vue par les banques commerciales alors que les banques d'investissement continuent de profiter d'une fenêtre de financement exceptionnelle offerte par la Réserve Fédérale afin de résorber les effets de la crise des " subprimes ".