(mon argent) – Les Bourses continuent de jouer au yo-yo. Si elles se sont ressaisies après le mini-krach de la semaine dernière, la plupart des indices mondiaux repiquent du nez. L’incertitude par rapport aux finances publiques des Etats-membres continue de peser sur les marchés, plombés par crainte de voir le regain d'optimisme économique tué dans l'oeuf.
Pour le prix de l’or, c’est une excellente nouvelle. Exprimé en dollar, le cours du métal jaune a encore progressé de 2% ces dernières heures pour pointer à un nouveau sommet historique de 1.250 dollars. Depuis le début de l'année, il est en boni de plus de 12% "De plus en plus d’investisseurs souhaitent se protéger contre les replis des actions. À travers les siècles, l’or a entretenu sa réputation de valeur refuge, protection contre les excès et les ‘expérimentations monétaires’", affirme Boris Cukon, gestionnaire du fonds Funchs Invest Global Natural Resources Fund. "
"Les gens achètent de l'or parce qu'ils ne font pas confiance aux autres placements. Ils veulent un abri sûr et avéré pour leur fortune et choisissent de plus en plus l'or, (valeur) rare, indestructible et non-endettée", a expliqué à l'AFP Mahmood Bilal, directeur des études chez BullionVault.com, une jeune société de courtage d'or. Bien que Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne (BCE), ait encore balayé cette option d’un revers de main il y a 15 jours, la BCE a en effet annoncé qu'elle allait racheter des obligations d'Etat sur le marché secondaire. Faire tourner la planche à billets, donc. "Il n’y aura pas de déraillement si des mesures de ce type, particulières, pour ne pas dire expérimentales, sont prises. Elles permettront en effet de rétablir le calme de manière temporaire.
Cependant, les problèmes structurels de la zone euro ne seront pas résolus pour autant: coût des pensions, problématique de la dette et pression accrue en provenance des pays émergents. À long terme, ces facteurs soutiendront la hausse du cours de l’or", poursuit Cukon, lequel estime tout de même que pour l'heure, "l'optimisme des investisseurs est exagéré. Il y aura correction à court terme", soutient-il. Pour trois raisons. La première est basée sur l'évolution du Daily Sentiment Index, qui lui sert de contre-indicateur. Actuellement, le nombre d'optimistes pointe à 96%! Le spécialiste estime cela inquiétant à court terme. Ensuite, l'envolée du cours de l'or a été très forte à court terme, ce qui appelle plus facilement une correction. Enfin, il y a un effet saisonnier: traditionnellement, les mois de juin à août sont moins bons pour l'or, essentiellement en raison d'une baisse de la demande du métal noble en Inde, pays qui en est le plus friand.
A long terme, par contre, l'or devrait continuer à briller. Même son de cloche chez le spécialiste Julian Jessop, du cabinet Capital Economics. "A la longue, le regain du dollar, notamment face à l'euro, devrait finir par calmer les prix de l'or", juge Julian Jessop. Les mesures de restriction budgétaire exigées en zone euro vont saper la reprise économique de la région, ce qui devrait maintenir le dollar fort et l'euro faible. A moins que le gouvernement d'une économie importante ne fasse vraiment faillite, l'or devrait finir l'année sous les 1.000 dollars", prédit-il.
Selon Boris Cukon, exprimé en dollar comme en euro, le prix de l’or est appelé à doubler à l’horizon 2015, à 2.500 dollars, donc. Cette analyse est partagée par Bernard Busschaert, spécialiste de l’or chez Leleux Associated. "La hausse du cours de l’or est un mouvement amorcé il y a quinze ans déjà. Cette évolution se renforce cependant à chaque crise, pour ensuite ralentir quelque peu. Mais à long terme, le cours de l’or se hissera à 2.500 dollars."
Malgré l’agitation – pour ne pas dire le mouvement de panique! – des marchés financiers, la hausse du cours de l’or semble pour l’heure limitée. À moins que… "La hausse du cours de l’or est au contraire notable, vu le renchérissement du dollar. Dans des circonstances ordinaires, le dollar fort pousse le cours du métal précieux vers le bas!", explique Busschaert. Exprimée en euro, la hausse est plus impressionnante: depuis le début de l’année, elle ressort à 24%. "Qui plus est, la situation économique mondiale et la hausse des cours des taux chinois ont tiré les cours des matières premières vers le bas. Autrement dit, bien que certains facteurs entraînent le cours de l’or vers le bas, la pression haussière demeure la plus forte. La hausse est certes timide pour l’heure, mais les forces sous-jacentes sont puissantes", conclut Bernard Busschaert.
Source: Monargent.be